FAIT MAISON 14
14 février 2010
Dans Valentin, je lis des poèmes d'amour de Walt Whitman (1819-1892) explicitement adressés à des hommes. Une fois la lecture terminée, je plie la feuille de chaque poème en quatre, comme pour faire une carte de voeux, j'y colle un chou de ruban rouge que j'arrrache de ma poitrine et j'offre le tout à une personne dans l'assistance. Dans samuraiyonara (en collaboration avec Roy Lu), j'improvise à la flûte traversière pendant que Roy revêt son costume et tape de plus en plus frénétiquement sur un coussin, tandis que je m'approche pour lui appliquer ma flûte sous la gorge en guise de sabre et terminer le rituel par un cri soudain...
un bon ami des philippines est décédé. (...) je pense lui rendre hommage. c'était un batteur/percussionniste. reconnu comme un des meilleurs au pays. l'année avant mon arrivée ici, il s'était impliqué dans notre groupe de performance, xo?. on a fait plusieurs performances ensemble, et il ne contribuait pas seulement de la musique de « fond » mais, surtout, il ajoutait une autre dimension à l'oeuvre. (...) je me demandais si tu accepterais de jouer « wish you were here » de pink floyd avec moi dans cet hommage? je ne sais pas si tu connais ce classique du rock. c'est la pièce que winston (mon ami) a demandée qu'on joue/chante à ses funérailles.
ton idée de jouer la flûte en argent est parfaite en rapport avec l'idée/concept que je suis en train de développer autour du personnage du « samouraï » dont le « seppuku » fait partie intégrante. D'une manière générale, j'ai l'idée de m'approprier certaines contributions de winston, comme jouer des baguettes de tambour sur un oreiller qui finirait par « saigner »; jouer sur un chaudron et quelques autres « objets » comme sur des tambours. pendant que je fais ceci, tu pourrais te tenir derrière moi et jouer de la flûte. dans ce cas-ci, il y a une association avec le « seppuku » classique, pendant lequel un samouraï se tient debout derrière la personne qui fait seppuku, prêt à faire la décapitation finale avec un coup de sabre. ça semble plutôt sanglant, mais en fait c'est l'idée du samouraï qui accepte la mort avec honneur, même si — et surtout si — elle est volontaire.
j'ai pensé intituler cette oeuvre « samuraiyonara », une combinaison de « samouraï » et « sayonara ». cette « imagerie » et ce texte d'inspiration « japonaise » renvoie au fait que, dans l'imagination populaire philippine, surtout dans les années 1980, aller au japon (ou « nagjapan ») était le but de plusieurs musiciens, même si plusieurs d'entre eux (...) n'y sont jamais parvenus. et puis, le samouraï est le « professionnel » par excellence, comme l'était winston.
Extraits de courriels de Roy Lu, février 2010