Dans sa vie sédentaire, deux pays l’avaient seulement attiré, la Hollande et l’Angleterre.
Il avait exaucé le premier de ses souhaits; n’y tenant plus, un beau jour, il avait quitté Paris et visité les villes des Pays-Bas, une à une.
Somme toute, il était résulté de cruelles désillusions de ce voyage. Il s’était figuré une Hollande, d’après les œuvres de Teniers et de Steen, de Rembrandt et d’Ostade, se façonnant d’avance, à son usage, d’incomparables juiveries aussi dorées que des cuirs de Cordoue par le soleil; s’imaginant de prodigieuses kermesses, de continuelles ribotes dans les campagnes; s’attendant à cette bonhomie patriarcale, à cette joviale débauche célébrées par les vieux maîtres.
Certes, Haarlem et Amsterdam l’avaient séduit; le peuple, non décrassé, vu, dans les vraies campagnes, ressemblait bien à celui peint par Van Ostade, avec ses enfants non équarris et taillés à la serpe et ses commères grasses à lard, bosselées de gros tétons et de gros ventres; mais de joies effrénées, d’ivrogneries familiales, point; en résumé, il devait le reconnaître, l’école hollandaise du Louvre l’avait égaré; elle avait simplement servi de tremplin à ses rêves; il s’était élancé, avait bondi sur une fausse piste et erré dans des visions inégalables, ne découvrant nullement sur la terre ce pays magique et réel qu’il espérait, ne voyant point, sur des gazons semés de futailles, des danses de paysans et de paysannes pleurant de joie, trépignant de bonheur, s’allégeant à force de rire, dans leurs jupes et dans leurs chausses.
Non, décidément, rien de tout cela n’était visible; la Hollande était un pays tel que les autres et, qui plus est, un pays nullement primitif, nullement bonhomme, car la religion protestante y sévissait, avec ses rigides hyprocrisies et ses solennelles raideurs.
Joris-Karl Huysmans À rebours
Dans sa vie sédentaire, deux pays l’avaient seulement attiré, la Hollande et l’Angleterre.
Il avait exaucé le premier de ses souhaits ; n’y tenant plus, un beau jour, il avait quitté Paris et visité les villes des Pays-Bas, une à une.
Somme toute, il était résulté de cruelles désillusions de ce voyage. Il s’était figuré une Hollande, d’après les œuvres de Teniers et de Steen, de Rembrandt et d’Ostade, se façonnant d’avance, à son usage, d’incomparables juiveries aussi dorées que des cuirs de Cordoue par le soleil; s’imaginant de prodigieuses kermesses, de continuelles ribotes dans les campagnes; s’attendant à cette bonhomie patriarcale, à cette joviale débauche célébrées par les vieux maîtres.
Certes, Haarlem et Amsterdam l’avaient séduit; le peuple, non décrassé, vu, dans les vraies campagnes, ressemblait bien à celui peint par Van Ostade, avec ses enfants non équarris et taillés à la serpe et ses commères grasses à lard, bosselées de gros tetons et de gros ventres; mais de joies effrénées, d’ivrogneries familiales, point; en résumé, il devait le reconnaître, l’école hollandaise du Louvre l’avait égaré; elle avait simplement servi de tremplin à ses rêves; il s’était élancé, avait bondi sur une fausse piste et erré dans des visions inégalables, ne découvrant nullement sur la terre ce pays magique et réel qu’il espérait, ne voyant point, sur des gazons semés de futailles, des danses de paysans et de paysannes pleurant de joie, trépignant de bonheur, s’allégeant à force de rire, dans leurs jupes et dans leurs chausses.
Non, décidément, rien de tout cela n’était visible; la Hollande était un pays tel que les autres et, qui plus est, un pays nullement primitif, nullement bonhomme, car la religion protestante y sévissait, avec ses rigides hyprocrisies et ses solennelles raideurs.
Joris-Karl Huysmans À rebours
In zijn honkvast leven hadden slechts twee landen hem aangetrokken : Nederland en Engeland.
De eerste wens was al vervuld; op een daag had hij het niet lange kunnen uithouden en was weggegaan uit Paris, naar Holland en had daar verschillende steden bezocht.
Over het geheel genoment was deze reis een bittere teleurstelling geweest.
Hij had zich een Holland voorgesteld, naar de schilderijen van Teniers en Steen, van Rembrandt en Ostade, had zich van te voren, voor zichzelf alleen, onvergelijkelijke jodenwijken voorgesteld in goudgele tinten, als leer uit Cordoba; in zijn fantasieën had hij geweldige kermissen en zuippartijen op het platteland gezien; hij had er de patriarchale gemoedelijkheid, de joviale slemppartijen verwacht die door de oude meesters worden bezongen.
Hij kon niet ontkennen dat Haarlem en Amsterdam zijn hart hadden gestolen. Het gewone, ruwe vilk op het platteland leek erg veel op de figuren die Van Ostade geschilderd heeft, met hun grove en bonkige kinderen en hun dikke kletswijven, met zware borsten en bolle buiken; mar van teugelloze pret of familiedrinkgelagen geen spoor. Hij moest eerlijk toegeven dat de schilderijen van de Hollandse school in het Louvre hem hadden misleid. Zij hadden alleen gefungeerd als springplank vorr zijn dromen; hij was er op een verkeerd spoor terechtgekomen, verwaald in onbereikbare visioenen. Nergens buiten had hij dat sprookjesachtige land dat toch echt moest zij en waarnaar hij zo had verlangd, gevonden; nergens had hij weiden gezien, vol vaten, waar boeren en boerinnen dantsen, huikend van vreugde en springend van plezier en zo luid lachten dat ze hun behoefte in hun rokken en korte broeken deden.
Been, van dat alles was niets te zien. Holland was een land llas andere en bovendien helemaal niet primitief en geel, van de protestantse godsdienst, met zijn strakke schijnheiligheid en onverbiddelijke plechtigheden, heerste en streng.
Joris-Karl Huysmans Tegen de keer
Vertaald door Jan Siebelink